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Histoire d’un domaine et d’une famille de Gournay

HISTOIRE D’UN DOMAINE ET D’UNE FAMILLE DE GOURNAY : De LA CHEVRELIERE à AYME DE LA CHEVRELIERE

Tous les habitants de notre commune connaissent les bois de la Chevrelière à La Boudranche, que la route communale coupe, lorsqu’on veut rejoindre la D948, en direction de Niort ou de Limoges. Mais les plus jeunes de nos concitoyens ou peut-être les habitants récents de notre commune ne connaissent peut-être pas l’histoire de cette famille qui durant deux siècles a marqué, outre  l’histoire de Gournay, mais aussi notre pays.

C’est cette histoire que nous vous proposons de tracer.

En 2010, nous avions rencontré Mr Jean Charles AYME DE LA CHEVRELIERE, qui nous avait accordé un long entretien.

Histoire de la famille Ayme.

La famille AYME s’installe à Gournay sur la propriété de la Chevrelière.

C’est après  la révolution française en 1792, que la famille AYME prit  possession des terres et des fermes de la Chevrelière. Jusqu’à cette période, les propriétaires étaient les deux demoiselles de VILLEDON. Ruinées par la révolution, elles cédèrent leurs biens à Mr AYME Louis Jean Marie. En effet, ce dernier, était, à l’époque, le Président du tribunal de Melle et il avait prêté à ces deux demoiselles de l’argent. Ne pouvant rembourser le sieur AYME, elles cédèrent en contrepartie leur bien de GOURNAY.

Louis Jean Marie AYME eut trois fils, qui eurent chacun un destin exceptionnel :
Louis fut longtemps maire de Melle
Charles devint sous l’Empire le chef des armées de Murat et participa à toutes les campagnes du 1er Empire et fut fait baron AYME.
Enfin, René fut intendant de Murat, chargé des dépenses et recettes de l’Elysée. Quand Murat devint roi de Naples, René devint son chambellan et baron en A la chute de Napoléon ce dernier devint conseiller d’Etat. C’est de cette branche que les AYME de notre commune descendent. Les deux premiers fils n’ayant pas eu d’héritier, ces branches se sont éteintes.

Les héritiers de René AYME DE LA CHEVRELIERE.

René eut un fils, EMILE qui siégea au conseil municipal de Melle pendant 37 ans, conseiller général de 1858 à 1887 et élu député en 1871. Emile est le créateur de la société horticole des Deux Sèvres, qui existe toujours aujourd’hui. Emile eut deux héritiers dont Charles, député maire de Gournay au début du XXème  siècle. Charles a introduit la télégraphie sans fil en France avec MARCONI. Au début de ce siècle cette invention était surtout utilisée pour la marine pour permettre aux bateaux en détresse d’envoyer un SOS. La société créée par Charles est l’ancêtre de THALES (groupe d’électronique connu et côté en bourse). Le frère de Charles fit construire le château de Melzéard sur la commune de Paizay le tort. Jacques de la Chevrelière est le fils unique de Charles, il épousa Magdeleine qui fut élue député maire en 1958. Cette dernière œuvra lors de ses passages à l’Assemblée Nationale pour abroger en France la peine de mort (effectif en 1981) et affirmer le positionnement du mellois dans les Deux Sèvres.

L’héritier Jean Charles AYME DE LA CHEVRELIERE.

En 1930 est né Jean Charles AYME DE LA CHEVRELEIRE, de l’union de Jacques et Madeleine. Ce dernier est le plus connu de nos contemporains puisqu’il fut élu maire en 1965 et le resta durant 7 mandats. Il fut élu Conseiller Général en 1994 et 1er Président de la Communauté de Communes du Cœur du Poitou en 1993. L’histoire continue… puisque deux enfants sont nés dont Dominique qui réside sur la commune et 6 petits enfants assurent l’héritage de cette famille au destin  historique.

L’ŒUVRE de Jean-Charles AYME DE LA CHEVRELIERE

35 ans au service de la politique

 « La famille a toujours aidé le village » c’est par ces mots tous simples que Jean Charles AYME DE LA CHEVRELIERE expliqua son implication dans la commune.

Des débuts difficiles

« A l’époque rien n’était simple, je n’avais que 35 ans, les autres conseillers en avaient 60… nous n’avions pas les mêmes opinions et l’’argent manquait. Il fallait beaucoup de diplomatie pour arriver à ses fins ». Il se souvient de l’une de ses premières décisions : ne pas augmenter le prix de l’eau. L’eau est une matière première nécessaire pour la fabrication du lait, c’est la boisson de la vache. Pour que nos éleveurs puissent vivre, il ne faut pas augmenter le prix de la matière première !

Le remembrement et l’implantation d’Intermarché

« Ma première grande mission en tant que maire fut le remembrement. A la fin des années 60, la mécanisation avançait à grands pas. La culture céréalière avait besoin de grands espaces alors que les éleveurs se contentaient d’espaces plus restreints. Il fallait trouver le bon équilibre. Mais le remembrement était une nécessité pour l’avenir ». Le village de Gournay fut l’un des tous premiers à miser sur le remembrement foncier.

Au milieu de cette aventure, la volonté d’Intermarché de s’installer sur le territoire fut la chance de notre commune. « A l’époque, les élus n’avaient pas conscience de l’impact que cette implantation allait avoir sur notre commune. Nous n’avions pas d’argent avant la base. Chaque économie était bonne à prendre. Cette incompréhension a été un handicap ». Pourtant, pour séduire les directeurs d’Intermarché, il fallait aller vite, très vite. Le dossier d’implantation fut monté en une quinzaine de jours avec l’aide de François RABANY à l’époque géomètre, sans oublier les autres maires des communes. « Tous les maires de l’époque ont été sollicités. A ce moment là, je me souviens, on nous demandait une statistique sur la population, sans travail, se trouvant à moins de 30 minutes du lieu en… vélo ! Aujourd’hui, une telle statistique fait rire mais à ce moment là c’était du sérieux ».

« Avec l’implantation de la base d’Intermarché, l’argent allait rentrer dans les caisses communales et nos communes allaient pouvoir se sortir de leur pauvreté ».

Jean Charles AYME DE LA CHEVRELIERE dit avoir copié un peu sa politique sur les kibboutz israéliens. «  Je m’étais rendu en Israël pour un voyage et j’avais été stupéfait de voir le fonctionnement de cette économie autour d’une agriculture moderne et des entreprises génératrices d’emplois et de richesse ». Avec le remembrement et l’implantation d’Intermarché, nous copiions le modèle israélien.

Investir dans la pierre pour préserver le capital de notre commune

« Je me suis toujours mis en tête, l’idée que notre TP (Taxe Professionnelle) allait être provisoire. Certes nous devions l’utiliser mais faire comme si demain nous ne pouvions plus en profiter. »

Mr le Maire et son équipe ont souhaité utiliser cet argent pour reconstituer le capital de la commune en le développant et en l’améliorant : investir dans la pierre pour constituer un capital solide pour la commune a été le leitmotiv de la politique municipale des années 80 et 90 : locatifs, lotissement, école, église, salle des fêtes,…ont été améliorés ou construits

Mr le Maire et son conseil ont pendant toutes ces années mis en place une gouvernance économique sage et souple pour améliorer le quotidien de leurs contemporains.

Mr De La Chevrelière reconnaît que la base de nos communes doit rester le conseil municipal mais on ne peut ignorer les autres instances. La Communauté de Communes a été créée pour générer des emplois et de la richesse car désormais une commune seule n’est plus rien. Mais jamais la CCCP doit prendre le pas sur la commune. « Un conseil Municipal est proche de ses concitoyens et cette proximité est irremplaçable ».

Enfin du temps… Une retraite bien méritée !

C’est en 2002, qu’il décide de se retirer de la politique. « Être maire, n’est pas toujours une tâche aisée mais elle procure des satisfactions. Quand la passion n’y est plus, il faut savoir tourner la page avec le sentiment du devoir accompli. Je lis beaucoup, notamment le bulletin communal. C’est un très bon bulletin et j’aurai aimé en avoir un de cette qualité lors de mes mandats. Mais il faut avoir le temps et les « plumes » !

Je voyage, je visite, je prends le temps. Je ne regrette rien de mon passé politique. »

C’est en décembre 2016, que Jean Charles Aymé de la Chevrelière, nous a quitté à l’âge de 86 ans après une vie bien remplie.

La propriété de la Chevrelière

Acquise depuis 1792 par la famille AYME aux demoiselles de Villedon (Villedon fut seigneur de la Chevrelière au XVIème siècle) la propriété de la Chevrelière est située sur une butte qui domine à l’Ouest. D’ailleurs durant la seconde guerre mondiale, les allemands avaient installé leur QG au château pour voir les arrivées de la mer via les moyens de l’époque. Certes du château vous ne voyez pas la mer… mais la forêt de chizé semble proche et les éoliennes du sud ouest du département sont visibles

Les différents successeurs ont fait des travaux pour améliorer le château et notamment rassembler deux corps un seul bâtiment avec la création d’une bibliothèque et d’une cuisine. Le pigeonnier, antérieur à la révolution, avec ses 2 000 cases est toujours existant. La possession de pigeon sous la révolution était un signe de richesse et de perception d’impôt.

Des bâtiments ont été détruits et il ne reste plus que les contours en pierre.

Au Sud de la propriété passe un chemin qui se nomme le chemin des espagnols car  emprunté par ces derniers pour se rendre dans le mellois pour acheter les baudets du Poitou. A l’époque la D948 n’existait pas et vraisemblablement, ce chemin était le plus souvent emprunté pour rejoindre Niort ou sur Ruffec et les Charentes

Enfin étymologiquement la CHEVRELIERE c’est le bois aux chevreuils. Encore aujourd’hui ces derniers colonisent les bois, les chasseurs ne nous démentiront pas !

Comme quoi l’histoire ne se refait pas !